La révolution anti-VIH arrive avec une protection semestrielle

L'agence américaine du médicament a donné son feu vert ce mercredi 18 juin au lenacapavir, commercialisé sous le nom Yeztugo par le laboratoire Gilead Sciences.
Le mécanisme d'action du lenacapavir repose sur l'inhibition de la capside virale, une protéine essentielle à la réplication du VIH.

La Food and Drug Administration (FDA) vient d’approuver le premier traitement préventif contre le VIH administré seulement deux fois par an. Cette avancée majeure pourrait transformer la lutte mondiale contre le virus.

L’agence américaine du médicament a donné son feu vert ce mercredi 18 juin au lenacapavir, commercialisé sous le nom Yeztugo par le laboratoire Gilead Sciences. Ce médicament révolutionnaire s’administre par injection sous-cutanée dans l’abdomen et offre une protection de six mois contre le VIH.

Les résultats des essais cliniques sont spectaculaires : 99,9% des participants ayant reçu l’injection sont restés séronégatifs. Cette performance surpasse largement celle des traitements préventifs actuels, appelés PrEP (prophylaxie pré-exposition), qui consistent en la prise régulière de médicaments antirétroviraux par voie orale. C’est un traitement lourd qui peut avoir des effets secondaires. Et l’oubli quotidien représente le principal obstacle à son efficacité.

Deux études majeures ont validé l’approche innovante. En Afrique du Sud et en Ouganda, plus de 5 300 jeunes femmes ont participé à un essai comparant les injections semestrielles aux comprimés quotidiens. Résultat : aucune infection chez les femmes sous lenacapavir, contre 2% dans le groupe témoin. Une seconde étude menée auprès d’hommes homosexuels aux États-Unis a confirmé cette efficacité remarquable.

Pourtant, cette avancée intervient dans un contexte préoccupant. L’administration Trump a récemment coupé les financements de la recherche sur les vaccins contre le VIH, estimant les approches actuelles suffisantes. Une décision que déplorent les scientifiques, qui préviennent d’un recul de dix ans dans cette recherche cruciale.

Le mécanisme d’action du lenacapavir repose sur l’inhibition de la capside virale, une protéine essentielle à la réplication du VIH. Contrairement aux traitements traditionnels qui ciblent d’autres étapes du cycle viral, cette molécule bloque une phase critique de l’assemblage du virus.

Daniel O’Day, PDG de Gilead, qualifie cette approbation de « moment historique.» Le laboratoire n’a pas encore dévoilé le prix de ce traitement, facteur déterminant pour son accessibilité mondiale.

Les défis de l’accès universel

Malgré cet optimisme, des obstacles majeurs subsistent. Aux États-Unis, les coupes budgétaires dans les agences de santé publique et Medicaid compliquent l’accès aux soins. À l’international, la réduction de l’aide américaine contre le VIH assombrit les perspectives.

Greg Millett, de la fondation amfAR, souligne ces « lacunes béantes » qui compliqueront l’administration du traitement, même à une fréquence réduite. Les inégalités d’accès risquent de perpétuer les disparités face au VIH.

Cette innovation arrive à un moment critique : plus de 30 000 nouvelles infections surviennent chaque année aux États-Unis, et 1,3 million dans le monde. L’objectif d’éradiquer la pandémie de VIH d’ici 2030 semble aujourd’hui compromis.

Le lenacapavir représente néanmoins un espoir considérable, particulièrement pour les femmes, qui représentent la moitié des nouvelles infections et ont souvent besoin d’une protection discrète. Ian Haddock, participant aux essais cliniques, témoigne : « J’oublie que je suis sous PrEP, car je n’ai plus besoin d’emporter mon flacon de pilules partout. »

Cette révolution thérapeutique pourrait enfin donner les moyens de contrôler durablement l’épidémie de VIH, à condition que l’accès universel devienne réalité.

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