La COP28 ouvre la voie vers une sortie des énergies fossiles

Les Émirats arabes unis ont discrètement travaillé en coulisses pour faire adopter un accord la dernière minute. Photo: DR

Pour la première fois, près de 200 pays du monde réunis à Dubaï au sommet sur le climat s’accordent pour abandonner progressivement les combustibles fossiles.

Après plusieurs jours de vives tensions, les organisateurs de la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques ont discrètement travaillé en coulisses pour faire adopter des mesures consensuelles sur la sortie des énergies fossiles.

Le consensus est tombé après que les pourparlers ont eu été poussés en prolongations pour de réglages sémantiques et de fond entre des pays hostiles et les plus favorables au maintien des combustibles fossiles dans le mix énergétique.

Le président de la COP28 a qualifié l’accord d' »historique » dans le discours qu’il a prononcé devant les participants lors de la session finale d’approbation de l’accord. « Pour la première fois, notre accord final contient des dispositions sur les combustibles fossiles », a-t-il déclaré, ajoutant que l’accord représentait « un changement de paradigme susceptible de redéfinir nos économies. »

Mais la satisfaction affichée par le patron de la COP28, Sultan Al Jaber, tranche avec la frustration exprimée par un grand nombre de délégués des nations plus ambitieuses et les défenseurs du climat. Ceux-ci ont déclaré que le consensus était loin d’être suffisant pour refléter l’urgence croissante de la crise climatique.

Les défenseurs du climat pointent du doigt de nombreuses lacunes qui risquent de compromettre des avancées vers des énergies renouvelables. En effet l’accord n’exige pas que le monde « abandonne progressivement » le pétrole, le charbon et le gaz, ce que plus de 100 pays et de nombreux groupes de défense du climat avaient demandé.

L’accord « invite » les pays à « contribuer » aux efforts mondiaux de réduction de la pollution par le carbone de la manière qu’ils jugent appropriée, en proposant plusieurs options, dont l’une consiste à « abandonner les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques en accélérant l’action au cours de cette décennie, de manière à parvenir à une émission nette nulle d’ici à 2050.

Les points à retenir

L’accord réaffirme l’objectif de température de l’Accord de Paris consistant à contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C pour réduire « considérablement les risques et les impacts du changement climatique. »

Pour y parvenir, il faudra « des réductions profondes et rapides des émissions mondiales de gaz à effet de serre » de 43 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2035 avant d’atteindre des émissions nettes nulles pour 2050, rappelant que les pays développés « doivent continuer à prendre l’initiative » en fixant des objectifs de réduction totale des émissions de gaz à effet de serre et que les pays en développement doivent « continuer à renforcer leurs efforts. »

Le texte appelle à « accélérer les efforts visant à réduire la production d’électricité à partir de charbon sans dispositif d’atténuation » du CO2 émis et à « opérer une transition vers la sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques de manière juste, ordonnée et équitable au cours de cette décennie cruciale ». L’accord invite également à « éliminer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles

L’accord appelle à « tripler la capacité mondiale d’énergie renouvelable et doubler au niveau mondial le taux moyen annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030 », insistant pour « accélérer les technologies à zéro et faible émission ». Ce qui concerne, outre les renouvelables, le nucléaire, l’hydrogène « vert » et les technologies de réduction et d’élimination, autrement dit la capture et le stockage de carbone.

Le texte demande aux pays de « mettre à jour les évaluations des risques climatiques, des impacts du changement climatique et de l’exposition aux risques ». Ces évaluations doivent permettre « d’élaborer des plans nationaux d’adaptation et des stratégies de planification. »

Les délégués des 198 pays présents à Dubaï s’étaient déjà entendus sur la création d’un fonds destiné à financer les « pertes et dommages » infligés par les dérèglements climatiques aux pays en développement. L’idée de ce fonds faisait déjà l’objet d’un accord provisoire. Il avait été scellé définitivement à la satisfaction générale en début de COP28. L’accord « exhorte les pays développés à atteindre pleinement, avec urgence, l’objectif de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. »

Carrefour Soleil

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