La CEDEAO est au bord de l’implosion

S?érigeant en défenseurs des peuples opprimés du Sahel, les autorités militaires de transition du Burkina Faso, du Mali et du Niger claquent la portent de la CEDEAO.
Les putschistes du Sahel se liguent contre la Communauté ouest-africaine.

Pour la première fois depuis sa création il y a 49 ans, l’organisation régionale ouest-africaine, la CEDEAO, a vu trois pays membres se retirer brusquement en même temps, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ayant annoncé leur départ. 

Les gouvernements de transition de ces pays ont agi pour montrer leur mécontentement, reprochant à la CEDEAO de s’être éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme. Ils accusent l’organisation régionale de ne plus défendre les intérêts des peuples, mais d’être aux ordres des puissances étrangères, en imposant de lourdes sanctions contre les juntes.

Les concernés ont rédigé une déclaration qui annonce que « les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception. » Ils soulignent que la CEDEAO « est devenue une menace pour ses États membres et leurs populations dont elle est censée assurer le bonheur. »

« En effet, l’organisation n’a pas apporté son assistance à nos États dans le cadre de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité ; pire, lorsque ces États ont décidé de prendre leur destin en main, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ; toutes choses qui ont davantage fragilisé des populations déjà meurtries par des années de violences imposées par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées. »

« Face à cette situation qui perdure, Leurs Excellences, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, respectivement Chefs d’État du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, prenant toutes leurs responsabilités face à l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait immédiat du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest. »

L’annonce a provoqué une onde de choc dans les 15 pays membres de la CEDEAO, qui s’inquiètent du risque d’une instabilité politique et économique accrue dans la région déjà fragile.

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, tous membres fondateurs de la CEDEAO depuis sa création en 1975, ont été suspendus, faisant l’objet de lourdes sanctions. Ils ont cependant renforcé leurs positions en unissant leurs forces au sein d’une « Alliance des États du Sahel » il y a quelques mois.

Les poids lourds de la CEDEAO (Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire et Sénégal) maintiennent la pression sur les putschistes malgré le risque de désintégration de la Communauté ouest-africaine.

La CEDEAO exige toujours un retour à un régime civil

Les relations entre la CEDEAO et les trois pays sont tendues depuis que le bloc a exigé un retour à un régime civil à la suite des coups d’État militaires au Mali en 2020, au Burkina Faso en 2022 et au Niger en juillet 2023.

La Commission de la CEDEAO a cependant déclaré qu’elle n’a pas encore reçu de notification formelle directe des trois États membres concernant leur intention de se retirer de la Communauté. Elle a aussi déclaré que ses émissaires travaillaient assidûment avec ces pays pour la restauration de l’ordre constitutionnel.

« Le Burkina Faso, le Niger et le Mali restent des membres importants de la Communauté et l’Autorité reste engagée à trouver une solution négociée à l’impasse politique », peut-on lire dans un communiqué officiel publié dimanche 28 janvier.

« La Commission de la CEDEAO reste saisie de l’évolution de la situation et fera d’autres déclarations en fonction de l’évolution de la situation », souligne le communiqué.

La CEDEAO a été initialement créée pour favoriser l’intégration économique et la coopération entre les États d’Afrique de l’Ouest.

L’annonce du départ des trois pays sahéliens enclavés fait craindre une évolution néfaste de l’intégration économique de l’Afrique occidentale. Ce bloc régional était présenté récemment comme étant un des piliers dynamiques de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le concept de marché unique panafricain.

Le retrait de ces pays accentuerait la fragmentation économique, dont les stigmates sont plus visibles dans le Sahel qu’ailleurs sur le continent. Les efforts actuels visant à s’attaquer collectivement aux problèmes du terrorisme, de l’insurrection, du banditisme et des enlèvements risqueraient d’être réduits à néant.

Carrefour-Soleil

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