Des chercheurs britanniques ont mené une série d’essais sur un nouveau type de traitement anticancéreux qui s’est révélé prometteur, de nombreux patients connaissant une rémission prolongée. C’est une avancée majeure dans le domaine de l’immunothérapie qui suscite l’espoir de millions de malades.
La recherche expérimentale, menée par l’équipe de Christie NHS Foundation Trust à Manchester, au Royaume-Uni, s’est concentrée sur les cancers du sang tels que le myélome multiple. Les résultats ont montré que la majorité des participants réagissaient positivement au traitement et que des personnes étaient en rémission pendant des mois et des années.
« Grâce à une série de nouveaux médicaments d’immunothérapie, qui sont tellement expérimentaux qu’ils n’ont pas encore de nom, certains patients, comme ceux atteints de myélome, voient leur cancer chuter à des niveaux indétectables », a déclaré Dr Emma Searle, hématologue consultante à la fondation Christie.
« Ces médicaments constituent une avancée considérable dans ce type de cancer, car ils permettent aux patients ne disposant pas des options de traitement standard d’obtenir une rémission, dans de nombreux cas pendant des mois ou des années », a-t-elle ajouté.
Les médicaments, qui permettent au système immunitaire de voir et d’attaquer le myélome multiple, « sont incroyablement impressionnants » et vont changer le visage du traitement du cancer du sang, a prophétisé l’hématologue.
L’optimisme de la scientifique est partagé par ses collègues de l’équipe de recherche. Ils ont noté que plus de deux tiers des patients bénéficiaires du nouveau traitement et exclus d’autres options thérapeutiques standard, ont enregistré une amélioration de leur état de santé. Le traitement expérimental leur a permis d’obtenir une rémission d’une durée d’un à deux ans. Lorsqu’il est utilisé en association, les chercheurs ont constaté des réponses positives chez plus de 90 % des patients. Et l’effet sur l’espérance de vie semble être significatif.
Les patients atteints de myélome multiple survivaient généralement entre trois et cinq ans, mais les données les plus récentes indiquent que la moitié d’entre eux sont encore en vie après dix ans. Le cancer du sang peut être difficile à contrôler et les médecins constatent souvent que les patients sont très malades parce que tout leur système immunitaire est affecté.
La fondation Christie mène actuellement une trentaine d’essais cliniques sur le cancer du sang, dont cinq spécifiquement sur le myélome multiple, une forme particulière de lymphome qui se caractérise par la formation de cellules cancéreuses dans la moelle osseuse, empêchant la fabrication normale des cellules sanguines et entraînant la destruction des os. La plupart des patients concernés n’ont que peu ou pas d’autres options thérapeutiques, ce qui rend les résultats plus précis.
Miser sur l’anticorps IgE
Un autre établissement britannique a publié, un mois plus tôt, les résultats concluants de ses recherches qui présentent des similitudes avec ceux de la fondation Christie. Un essai clinique d’une nouvelle classe d’immunothérapie contre le cancer a donné des résultats prometteurs qui pourraient bénéficier aux patients qui ne répondent pas aux traitements anticancéreux existants.
L’étude, publiée dans Nature Communications par des chercheurs du King’s and Guy’s and St Thomas’ NHS Foundation Trust et financée par Cancer Research UK, a vérifié si un type d’anticorps appelé IgE pouvait être utilisé pour traiter le cancer chez l’homme.
Les résultats de l’essai de phase I montrent que le médicament MOv18 IgE a réduit la tumeur d’une patiente atteinte d’un cancer de l’ovaire qui n’avait pas répondu au traitement conventionnel. Fait important, les résultats ont également montré que le traitement par MOv18 IgE était bien toléré par la quasi-totalité des patients.
L’auteur principal de l’étude, le professeur James Spicer, chercheur en médecine expérimentale du cancer à King’s College de Londres et consultant en oncologie médicale au Guy’s and St Thomas’ NHS Foundation Trust (GSTT), a déclaré : « IgE est une forme totalement nouvelle de thérapie par anticorps qui s’est révélée très prometteuse dans cet essai de phase I. Nos résultats montrent que le médicament a été bien toléré par les patients. »
L’oncologue a aussi expliqué que le nouveau médicament ouvre effectivement la voie au développement d’une classe entièrement nouvelle de médicaments anticancéreux pour les personnes atteintes de cancers résistants à la chimiothérapie. L’expertise en immunologie des laboratoires du King’s College a permis d’entreprendre cet essai d’une toute nouvelle forme de thérapie par anticorps.
L’anticorps IgE MOv18 a été découvert et développé à King’s College, en collaboration avec l’Instituto Nazionale dei Tumori de Milan (IRCCS), en Italie. Il a été testé cliniquement par l’Experimental Cancer Medicine Centre basé à Guy’s Hospital. Le médicament utilisé pour l’essai est la propriété des laboratoires Epsilogen Ltd. L’étude a été financée et parrainée par Cancer Research UK.
Venir à bout des résistances
L’annonce de la fondation Christie tombe juste un an après la publication de the Institute of Cancer Research and Royal Marsden NHS foundation qui a mis au point une combinaison de médicaments jugée efficace contre les tumeurs résistantes à l’immunothérapie.
Des oncologues de cet institut britanniques ont découvert qu’un traitement associant l’immunothérapie à la guadécitabine, un nouveau médicament expérimental, pouvait inverser la résistance d’un cancer à l’immunothérapie. Ils ont constaté que les patients censés mourir après avoir épuisé toutes les options de traitement survivaient beaucoup plus longtemps.
En effet, l’association du pembrolizumab, un médicament d’immunothérapie, et de la guadécitabine, un agent hypométhylant de l’ADN de nouvelle génération, a stoppé la progression du cancer chez plus d’un tiers des patients participant à l’essai de phase I. Les résultats de cette importante étude sont publiés dans le Journal for ImmunoTherapy of Cancer.
Cette double combinaison pourrait devenir une nouvelle arme efficace contre plusieurs formes de cancers, ont déclaré des experts de l’Institute of Cancer Research et du Royal Marsden NHS foundation trust.
Les patients participant à l’essai, provenant du Royal Marsden et de l’University College London Hospital, étaient atteints de cancers du poumon, du sein, de la prostate et de l’intestin. Le nouveau traitement semble particulièrement bénéfique pour les patients atteints de cancer du poumon. Parmi les patients résistants à l’immunothérapie, la moitié a vu sa maladie s’estomper pendant 24 semaines ou plus.
Cette série de bonnes nouvelles est loin d’être exhaustive. Elle est de nature à rassurer les patients et les praticiens sur les possibilités d’inverser l’évolution rampante de nombreux cancers dans le monde. Toutefois, des années d’efforts sont encore nécessaires avant de crier victoire.
Carrefour-Soleil
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