Les États-Unis reprennent leur casquette de gendarme du commerce international. Ils annoncent la mise sur pied d’une opération navale internationale pour sécuriser le trafic maritime en mer Rouge face aux attaques répétées des Houthis du Yémen.
Dans une déclaration écrite, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a indiqué que les attaques croissantes des Houthis dans le détroit de Bab-el-Mandeb menaçaient la libre circulation des échanges, mettaient en danger des marins innocents et violaient le droit international.
Affirmant qu’il existe une demande internationale pour une solution à ce problème, Austin a déclaré : « C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui que nous mettons en place l’opération Prosperity Guardian, une importante initiative de sécurité multinationale axée sur la sécurité en mer Rouge, sous l’égide des forces navales conjointes et de la Task Force 153. »
Lloyd Austin, de passage à Manama, capitale de Bahreïn et quartier général de la flotte américaine au Moyen-Orient, a indiqué que les pays participants étaient le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne.
Le chef du Pentagone a précisé que les navires de l’opération Prosperity Guardian effectueraient des patrouilles conjointes dans le sud de la mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Cette région est déjà l’une des plus militarisées au monde. Les Etats-Unis y ont positionné leur seule base permanente en Afrique, avec 4 000 soldats.
La déclaration de Lloyd Austin laisse de nombreuses questions sans réponse, notamment celle de savoir si ces pays alliés sont prêts à faire ce que les navires de guerre américains ont fait ces derniers jours : abattre les missiles et les drones des Houthis et porter secours aux navires commerciaux attaqués.
L’Italie vient d’annoncer l’envoi dans les prochaines heures d’une de ses frégates, la Virginio Fasan. La France a vaguement indiqué son intention de se joindre à ses partenaires pour mettre fin aux attaques.
Contrer les drones et les missiles des Houthis
Les Houthis, soutenus par l’Iran, se sont immiscés dans le conflit entre Israël et le Hamas en attaquant des navires sur des voies de navigation vitales et en tirant même des drones et des missiles sur Israël à plus de 1 000 kilomètres de leur base, à Sanaa, la capitale du Yémen.
Quelques heures avant l’annonce d’Austin, le groupe Houthi a déclaré avoir lancé une attaque de drone contre deux cargos dans la région.
Les Houthis ont menacé de prendre pour cible tous les navires à destination d’Israël, quelle que soit leur nationalité, et ont déconseillé aux compagnies maritimes internationales de traiter avec les ports israéliens.
Bab-el-Mandeb est une des « routes commerciales maritimes » les plus empruntées au monde qui relie l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Les navires pétroliers et commerciaux, arrivant de l’océan Indien, passent par ce détroit pour emprunter la mer Rouge puis le canal de Suez, où ils débouchent sur la mer Méditerranée, et dans l’autre sens.
Environ 15 % du trafic maritime mondial transite normalement par le canal de Suez et passe également par les eaux de la mer Rouge au large du Yémen. Environ 20 000 navires transitent chaque année par ce détroit, transportant 5 millions de barils de pétrole par jour, ou encore des biens manufacturés en Asie.
Mais les attaques perpétrées par les rebelles Houthis ont perturbé le commerce maritime, les entreprises de fret se détournant plutôt de l’Afrique, ce qui a entraîné des coûts et des retards qui devraient s’aggraver au cours des prochaines semaines.
La compagnie de transport maritime danoise Maersk a ainsi déclaré que ses navires devant traverser le sud de la mer Rouge et le golfe d’Aden seraient détournés vers l’Afrique via le cap de Bonne-Espérance.
Plusieurs autres grandes compagnies maritimes, comme Hapag Lloyd et MSC, ainsi que le groupe pétrolier BP, ont aussi annoncé qu’ils éviteraient la route de la mer Rouge.
Ensemble, les compagnies qui ont détourné des navires contrôlent environ la moitié du marché mondial du transport maritime par conteneurs.
Carrefour Soleil
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