Une centrale photovoltaïque à Tchernobyl

Une initiative pionnière à Tchernobyl. Photo: ANKA-Nikolova

L’Ukraine a inauguré une centrale photovoltaïque dans la zone tampon, non loin du site de la catastrophe nucléaire de 1986. Une initiative pionnière pour tirer meilleur parti de cette région qui ne reverra pas l’implantation d’une population humaine.

La production d’électricité est de nouveau possible à Tchernobyl, grâce à une modeste installation de 3800 panneaux photovoltaïques. Elle alimente environ 2000 foyers avec une capacité d’un megawatt. Les panneaux couvrent pour l’instant 1,6 hectare.

C’est une réalisation du groupe ukraino-allemand Solar Tchernobyl. L’entreprise a investi un million d’euros dans ce projet. Une première étape d’un plan d’investissement de 100 millions d’euros, destiné à développer les énergies renouvelables dans la zone d’exclusion du site nucléaire dévasté.

L’objectif final est d’atteindre une production totale de 100 mégawatts d’ici la fin de l’année prochaine. Les autorités ukrainiennes ambitionnent de faire de Tchernobyl la plus grande ferme solaire au monde. Elle devrait couvrir près d’un tiers de la production d’électricité de l’ancienne centrale nucléaire quand elle tournait à plein régime, il y a une trentaine d’années.

Pourquoi produire de l’énergie solaire à Tchernobyl, un site inhabitable pour au moins 24000 ans ? Les autorités ukrainiennes ne font pas mystère de leurs intentions. Elles veulent vaille que vaille mettre en valeur cette zone contaminée et éviter de faire de la région « un trou noir au beau milieu de l’Ukraine », selon le responsable de Solar Chernobyl.

Construire une centrale photovoltaïque à Tchernobyl, c’est éviter le moindre remaniement du sol, au risque  de libérer des particules radioactives.
Photo: Gekaskr

L’idée d’une centrale photovoltaïque a émergé en 2016. Deux ans plus tard, elle connaît un début de concrétisation grâce à une astuce :offrir aux investisseurs un contrat leur garantissant 15 centimes d’euros le kilowattheure jusqu’en 2030, soit 40 % de plus que le coût du solaire en Europe. L’attractivité de l’offre est renforcée par la présence d’un réseau électrique développé à proximité. Et il estime que l’ensoleillement de Tchernobyl est largement suffisant pour produire de l’électricité.

Le groupe allemand Enerparc AG, déjà présent dans le pays avec plusieurs projets similaires, fut le premier à mordre à l’hameçon. Il a rapidement trouvé un partenaire local (Rodina Energy Group Ltd) et relevé ce défi très rentable.

L’autre objectif du projet est d’ordre stratégique. Kiev est dans l’obligation de développer sa propre production et sortir aussi vite que possible de sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. L’arrêt des livraisons de gaz russe au début de la crise du Dombass constitue un traumatisme déclencheur chez les Ukrainiens.
Les travaux d’installation des panneaux ont toutefois nécessité des efforts supplémentaires à cause de la toxicité évidente des terrains (dix fois plus que les seuils de radioactivité autorisés). Pour ne pas forer le sol et exposer ses employés aux particules radioactives, Solar Tchernobyl a dû imaginer un système de fixation de panneaux solaires avec des plots de béton posés à même le sol.

Frank Kodbaye

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