Le président français a mis fin à son bras de fer avec les putschistes de Niamey en annonçant le retrait « ordonné » des soldats français et de son ambassadeur, pour ne pas mordre la poussière nigérienne qui devient irrespirable.
L’annonce a été faite lors d’une interview télévisée dimanche soir. « La France a décidé de ramener son ambassadeur », que Paris ne voulait pas jusqu’ici rappeler. « Nous mettons fin à notre coopération militaire avec le Niger », a admis Emmanuel Macron, finalement.
Après avoir refusé pendant plusieurs semaines de rappeler Sylvain Itté, son diplomate en chef au Niger, dont la junte réclamait le départ fin août, Emmanuel Macron a fini par mettre fin à une situation intenable.
L’ambassadeur et son équipe ne bénéficient plus de l’immunité diplomatique et passibles d’expulsion. Le président de la République française a indiqué le 15 septembre dernier que son ambassadeur était contraint à se nourrir de « rations militaires ».
La coopération militaire entre la France et le Niger avait été dénoncée par la junte. Celle-ci a dénoncé les accords de coopération de défense entre Paris et Niamey, affirmant que la force française est présente « illégalement » au Niger.
« Il n’y a plus de Françafrique, nous n’intervenons pas quand il y a un coup d’État en Afrique » a cependant ajouté Emmanuel Macron. Cette déclaration, maintes fois répétée par ses prédécesseurs, traduit un sentiment d’impuissance des dirigeants français qui, dans le contexte sahélien, sont incapables de proposer une politique cohérente, moderne et réellement postcoloniale aux anciennes colonies du continent africain.
La junte jubile
La junte a salué l’annonce du retrait du dispositif français : « Ce dimanche, nous célébrons la nouvelle étape vers la souveraineté du Niger. Les troupes françaises ainsi que l’ambassadeur de France quitteront le sol nigérien d’ici la fin de l’année. C’est un moment historique qui témoigne de la détermination et de la volonté du peuple nigérien », a indiqué un communiqué des militaires au pouvoir, lu à la télévision publique nigérienne.
La France avait stationné 1 500 soldats au Niger, après la fin de l’opération « Barkhane » au Mali pendant l’été 2022, à la demande des dirigeants nigériens pour « lutter contre les groupes djihadistes. » Mais les dirigeants de la junte ont affirmé que le gouvernement de Mohamed Bazoum, renversé fin juillet, ne faisait pas assez pour protéger le Niger contre l’insurrection.
L’annonce d’Emmanuel Macron a précédé de peu la publication d’un communiqué de la junte qui faisait état de l’interdiction de survol de l’espace aérien nigérien par des aéronefs français.
Cette décision fait suite à une série d’accusations de complot. Le régime militaire a en effet indiqué que Paris a organisé le déploiement de ses troupes dans plusieurs pays voisins du Niger. « La France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le cadre de préparatifs d’une agression contre le Niger, qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire », a déclaré un membre du régime militaire, le colonel-major Amadou Abdramane.
Le Premier ministre de transition désigné par les putschistes, Ali Mahaman Lamine Zeine, a déclaré que son gouvernement espérait « si possible maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses ». Il a aussi émis le souhait d’établir le dialogue avec la CEDEAO.
Mais l’organisation régionale joue la fermeté en exigeant toujours le retour à l’ordre constitutionnel. Elle maintient son régime de sanctions contre Niamey dont l’interdiction de toutes transactions commerciales et financières entre ses pays membres et Niamey. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a aussi imposé le gel des avoirs de l’État nigériens.
Carrefour-Soleil
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