Une énième étude sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2) vient d’être publiée par la revue Science. Elle relève le défi de traduire en faits concrets la masse de données abstraites sur le réchauffement climatique et ses causes. Cet exercice permet de prendre la mesure de l’impact de l’excès du gaz carbonique dans notre atmosphère.
L’intérêt principal de l’étude réside dans l’objectif annoncé : sensibiliser le public à la responsabilité individuelle au changement climatique. Elle vise également à corriger les modèles climatiques actuels, qui selon plusieurs études sous-estiment les pertes de glaces.
L’étude nous apprend qu’une tonne de CO2 émise dans l’atmosphère entraîne la fonte de 3 m2 de glace arctique. Une tonne de CO2 représente pour un passager un vol entre New York et Londres, ou un parcours de 4 000 km en voiture, précise Dirk Notz, climatologue à l’Institut Max Planck à Hambourg (Allemagne) et coauteur de l’étude.
Les émissions de CO2 annuelles moyennes d’une famille américaine composée de quatre personnes provoqueraient la fonte de 200 m2 de banquise. En trois décennies cette même famille serait à l’origine de la destruction de glace polaire dont l’étendue serait comparable à un terrain de football américain, soit 90 mètres sur 50 mètres environ.
L’étude fait aussi des comparaisons entre pays ; chaque personne aux États-Unis, par exemple, est responsable de la destruction de dix fois plus de glace qu’un habitant d’une ville indienne.
«Le changement climatique est souvent vu comme une notion abstraite et notre étude permet de changer cette perception », a déclaré Julienne Stroeve, coauteure, glaciologue au National Snow and Ice Data Center (NSIDC) dans le Colorado (Etats-Unis) et professeur de glaciologie à l’University College de Londres.
Mauvais présages
Les auteurs ont observé que l’étendue des glaces dans l’océan Arctique en 2016 a atteint un minimum annuel de 4,14 millions de km2. C’est le deuxième niveau le plus faible depuis 1979, l’année de la première observation de la banquise par satellite. Le record du minimum le plus faible a été enregistré en 2007.
Au cours des 40 dernières années, les glaces de l’Arctique ont vu leur superficie se réduire de moitié en été, et elles pourraient disparaître totalement pendant cette saison d’ici le milieu du siècle sans une réduction rapide des émissions de CO2.
Pour corriger la sous-estimation de la fonte des glaces dans les modèles utilisés par de nombreux experts et obtenir des projections plus exactes sur l’évolution future de la banquise, ces chercheurs se sont basés sur des observations directes entre 1953 et 1978 du Centre Hadley des glaces et des températures océaniques du Met Office britannique. Ils ont aussi utilisé des données recueillies entre 1979 et 2015 par satellite du Centre américain de la neige et de la glace (NSIDC).
Les auteurs ont conclu qu’il y avait une corrélation directe entre les émissions de CO2 et la superficie de la banquise arctique en été.
Cette nouvelle étude a déterminé que le fait de limiter à 2 degrés Celsius la hausse de la température du globe par rapport à l’ère préindustrielle n’est pas suffisant pour permettre aux glaces arctiques de subsister en été, car un tel réchauffement correspondrait à un accroissement de plus de mille milliards de tonnes d’émissions de CO2 d’ici 2100.
Pour éviter le scénario d’une disparition complète de la banquise durant la saison la plus chaude, il faudrait plafonner la montée du mercure à 1,5°C, comme avancé dans l’accord de la COP21 à Paris fin 2015.
La Rédaction avec Agences
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