Japon: L’opposition confie son destin à une femme « révolutionnaire »

Renho Murata promet une "vraie alternative" au Japon. Crédit: Akio Kon/Bloomberg
Renho Murata promet une « vraie alternative » au Japon.
Crédit: Akio Kon/Bloomberg

 

2016 est décidément l’année du changement pour les femmes politiques japonaises. Après l’élection de Yuriko Koike au poste de gouverneure de Tokyo, c’est au tour de Renho Murata de percer le plafond de verre en prenant la tête de la principale formation d’opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ).

Agée de quarante-huit ans, Renho Murata est la première femme à prendre les rennes d’un parti politique dans l’empire du Soleil levant. Elle s’est imposée face à deux concurrents masculins. Sénatrice de Tokyo depuis douze ans, elle fait partie de ces rares femmes qui animent le parlement nippon dominé à 90% par des hommes âgés. La proportion des femmes au sein du parlement est la plus faible des pays développés. La gent féminine était absente de la représentation nationale depuis l’instauration de la démocratie jusqu’en 1995 où le taux a atteint 1%. L’égalité homme-femme en politique n’est pas pour demain.

Son élection bouleverse certains conservatismes de la société japonaise. Cette ancienne présentatrice de télévision est une « Hafu », terme qui désigne tous les Japonais ayant un parent d’origine étrangère. Fille d’un Taïwanais, elle a osé se lancer en politique tout en conservant la nationalité de son père. Une décision qui a fait coulé beaucoup d’encre et de salive sur son éligibilité. Mais elle a su convaincre les militants par ses idées progressistes et son charisme.

Son ascension marque aussi une rupture dans le schéma traditionnel des parcours politiques; Renho Murata est la première cheffe de parti n’ayant aucun lien avec les vieilles dynasties politiques qui se partagent le pouvoir depuis 1947. Détentrice d’un diplôme en droit, elle a été mannequin avant de faire carrière à la télévision, sur la chaîne Station-Eye. Excellente communicante, elle sait mettre à profit l’outil Twitter pour se rapprocher des électeurs en racontant simplement ses activités politiques et sa vie privée.

Redorer le blason du PDJ

Plus que jamais, le parti démocrate a besoin de son dynamisme et de sa fraîcheur pour surmonter ses nombreux échecs électoraux et juguler une crise interne consécutive à une affaire de financement occulte, pendant sa courte période au pouvoir (2009-2012). La mauvaise gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima empêche ce parti de centre gauche de se positionner comme une alternative crédible à la politique nationaliste de l’actuel premier ministre, Shinzo Abe.

« Nous sommes perçus comme seulement capables de critiquer. Je veux montrer que nous pouvons offrir une vraie alternative », a déclaré Renho Murata, lors de sa prise de fonction. Dans un style très offensif, elle a promis de mener un « combat révolutionnaire » pour battre en brèche le programme conservateur du Parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir. Pour elle, le Japon s’embourbe dans une interminable crise économique qu’il faut combattre en menant une politique sociale. Elle propose donc de consacrer beaucoup de ressources pour améliorer le quotidien des citoyens, au détriment des grands travaux publics.

Même si ses idées manquent de formulation concrète, elles semblent avoir produit leurs effets sur les partisans du PDJ. 40% d’entre eux font confiance à cette mère de famille à l’allure juvénile. C’est un excellent départ pour Renho Murata sur l’échiquier politique nippon dominé par le poids lourd Shinzo Abe.

Mouna Tala

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