Syrie : Quarante-huit heures de trêve « sans violence »

L'envoyé spécial de l'ONU en Syrie est préoccupé par la situation humanitaire des civils assiégés.

Par la voix de son envoyé spécial en Syrie, Steffan de Mistura, l’ONU déclare avoir constaté une baisse significative de la violence dans le pays, vingt-quatre heures après le début de la trêve annoncée par John Kerry et Sergueï Lavrov. Steffan de Mistura a toutefois déploré que les Nations unies n’aient pas pu distribuer d’aide humanitaire faute de garantie de sécurité.

« Tous les rapports que nous avons enregistrés indiquent une baisse significative de la violence», a déclaré l’envoyé spécial de l’ONU lors d’un point de presse au Palais des Nations à Genève le 13 septembre. Steffan de Mistura a précisé que les villes d’Alep, Idlib, Hama et Latakia, théâtres habituels des combats, ont connu été calmes toute la journée, avec quelques « incidents isolés».

M. de Mistura a également signalé que la capitale Damas n’a pas connu d’affrontement, hormis des accrochages entre les troupes gouvernementales et des factions rebelles autour de Harasta. Quelques incidents ont été signalés dans la ville d’Al Qunaitra, capitale de la province du sud-ouest, entre les éléments du Front Fateh al-Cham et les forces gouvernementales.

Dans son allocution, l’envoyé de l’ONU a souligné que c’était seulement le premier jour de trêve, notant que les Etats-Unis et la Russie, parrains respectifs des rebelles et du régime de Bachar al-Assad, ont prévu une évaluation de la situation dans les prochaines quarante-huit heures. « J’espère que nous avons encore cinq jours de cessation des hostilités», a-t-il fait remarquer. Il a néanmoins prévenu que des violations du cessez-le-feu ne sont pas inévitables, dans le contexte syrien actuel.

Confiant, Steffan de Mistura s’est félicité de l’engagement des Etats-Unis et de la Russie dans ce cette difficile quête de paix. Il a également salué l’approbation de l’accord de cessez-le-feu par les pays du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG).

D’autres sources indiquent tout de même que plusieurs bombardements ont eu lieu ce lundi, faisant plusieurs victimes. Au moins sept personnes, dont trois enfants, ont été tués à Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La même organisation a signalé des frappes aériennes à Idlib ce week-end. Ces bombardements ont fait soixante-un victimes sur un marché populaire. Il y avait foule car les gens faisaient des emplettes pour la fête de l’Aïd al-Adha.

La population civile des villes assiégées n'a pas le choix: attendre l'aide internationale au milieu des ruines. Getty Images/ bwb-Studio
La population civile des villes assiégées n’a pas le choix: attendre l’aide internationale au milieu des ruines.
Getty Images/ bwb-Studio

Défis humanitaires

Sur le plan humanitaire, la situation est catastrophique, a reconnu le haut-fonctionnaire onusien. Les camions chargés de nourritures et de matériels de secours sont toujours bloqués à l’entrée d’Alep. Le porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Jens Laerke, a confirmé qu’aucun convoi de l’ONU n’était entré en territoire syrien depuis le début du cessez-le-feu.

Les organisations humanitaires sont pourtant prêtes à acheminer l’aide dans les quartiers rebelles assiégés d’Alep, où la population attend désespérément de la nourriture. La Russie, dont les soldats contrôlent une partie de la route du Castello, axe vital de cette ville, a promis d’installer un point d’observation mobile, permettant l’acheminement de l’aide depuis la frontière turque.

Steffan de Mistura n’a pas oublié de souligner le développement rapide de cette crise humanitaire si rien n’est fait pour venir au secours des populations civiles assiégées. Selon les statistiques de l’OCHA, environ 13,5 millions de personnes, dont 6 millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire. 5,47 millions de Syriens sont contraints de survivre dans des zones difficiles d’accès, notamment 600 000 personnes dans 18 zones assiégées.

Le conflit syrien a déjà fait plus de 300 000 morts depuis mars 2011. Plus d’un million de personnes ont été blessées. 4,8 millions de Syriens ont été obligés de quitter le pays, faisant de la Syrie la plus grande crise de déplacement dans le monde.

Rédaction Carrefour-Soleil

Source : ONU

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