Julian Assange obtient la nationalité équatorienne, sans immunité.

Rare sortie de Julian Assange devant l'ambassade équatorienne à Londres. Photo: DR

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, réfugié depuis le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres, a reçu la citoyenneté équatorienne. Il a en outre bénéficié d’une immatriculation de résidence dans la province de Pichincha, selon plusieurs sources.

La nouvelle de cette naturalisation s’était répandue le 9 janvier sur les réseaux sociaux et quelques médias britanniques. La ministre équatorienne des affaires étrangères, María Fernanda Espinoza, avait démenti le jour même cette « rumeur » lors d’une conférence de presse. Entretenant le flou, elle a déclaré que son gouvernement cherchait des « alternatives, dans le respect du droit international, ainsi que des droits de l’homme […] en coordination avec le Royaume-Uni. »

Un jour plus tard, María Fernanda Espinoza, a cette fois reconnu que son pays a accordé la citoyenneté équatorienne à Julian Assange le 12 décembre 2017. Elle a ensuite précisé que son ministère avait essayé de faire bénéficier à Julian Assange d’une immunité, en tant qu’agent diplomatique. Mais le gouvernement britannique a rejeté la demande, arguant qu’un tel statut ne pouvait être accordé à un « demandeur d’asile ».

Ce privilège accordé au personnel des missions diplomatiques, conformément à la Convention de Vienne de 1961, aurait permis au fondateur de jouir d’une liberté totale de circulation sur le territoire britannique, d’échapper à toute poursuite judiciaire et aux droits de douane en vigueur au Royaume-Uni.

Le ministère britannique des Affaires étrangères n’a pas confirmé l’existence d’une demande de cette nature de la part du gouvernement équatorien. « Nous ne sommes pas en discussion avec l’Équateur sur cette question », avait déclaré un de ses porte-parole.

Il a par ailleurs précisé que « L’Équateur sait que la manière de résoudre ce problème est que Julian Assange quitte l’ambassade pour se soumettre à la justice.» Cette option n’est pas envisageable pour le gouvernement équatorien actuel. La protection accordée à Julian Assange du temps du président Rafael Correa, icône de la gauche anti-Washington en Amérique latine, est renouvelée. Même si certaines déclarations de ce célèbres refugié – sa prise de position en faveur de l’indépendance catalane, par exemple – ont passablement agacé le nouveau président Lenin Moreno.

Le fondateur de Wikileaks portant le maillot de l’équipe équatorienne de football. Une photo publiée sur son compte Twitter.
Photo: @JulianAssange

Intransigeance britannique

A Quito, c’est surtout l’incompréhension qui prédomine face à la détermination des autorités judiciaires britannique. Pourtant, le parquet suédois, à l’origine de la poursuite pour un viol présumé, a classé ce dossier. La police britannique, de son côté, a fait savoir qu’elle arrêterait Julian Assange s’il sortait de l’ambassade, car il n’a pas respecté en 2012 les conditions de sa liberté sous caution.

Les défenseurs de l’Australien font tout pour qu’il reste à l’ambassade équatorienne, aussi longtemps que cette menace judiciaire serait maintenue. Ils craignent par-dessus tout l’arrestation et l’extradition de leur protégé aux États-Unis, à cause de la publication par WikiLeaks de secrets militaires et de documents diplomatiques américains en 2010.

« La naturalisation ne change rien à sa situation au Royaume-Uni […] bien qu’il soit équatorien, le Royaume-Uni veut lui demander des comptes », a indiqué l’expert en relations internationales, Michel Levi.

Face à cette intransigeance de Londres, la ministre équatorienne des Affaires étrangères, a rétorqué par une proposition de « médiation ». Elle a annoncé être à la recherche d’un « un pays tiers ou une personnalité », pour trouver un accord avec le Londres sur la situation « insoutenable » de M. Assange.

« Aucune solution ne pourra être trouvée sans la coopération internationale et sans la coopération du Royaume-Uni, qui a fait part de son intérêt pour trouver une issue » à cette situation, avait-elle conclu.

Carrefour-Soleil

 

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