Gambie: Dernières tergiversations avant la solution armée

 

Adama Barrow a prêté serment dans les locaux de l'ambassade gambienne à Dakar le 19 janvier. Photo: DR
Adama Barrow a prêté serment dans les locaux de l’ambassade gambienne à Dakar le 19 janvier.
Photo: DR

Adama Barrow a été investi président de la Gambie dans les locaux de l’ambassade gambienne à Dakar. Son prédécesseur qui ne veut nullement lâcher le pouvoir multiplie des manœuvres dilatoires pour prolonger son règne.

Stupéfaits, les Gambiens ont appris tard dans la nuit de jeudi à vendredi 20 janvier que Yahya Jammeh a décidé de dissoudre son gouvernement en promettant d’en constituer un autre très prochainement. Alors qu’il n’est plus officiellement président depuis plusieurs heures.

Cet acte constitue une énième remise en cause de sa promesse de passer la main à son successeur élu démocratiquement le 1er décembre dernier. Promesse réitérée la vieille quand le despote a réalisé que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis en exécution sa menace de le déloger par la force de Banjul pour y installer Adama Barrow, s’il ne quittait pas volontairement le pouvoir le 19 janvier.

Une colonne de l’armée sénégalaise, partant de Kaolack et intervenant sous la bannière de la CEDEAO, a effectivement franchi la frontière gambienne en direction de la capitale, juste après l’expiration de l’ultimatum. Le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO ont unanimement approuvé cette action.

Ultime médiation

Le mouvement des troupes a été stoppé pour permettre une dernière médiation menée par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui, semble-t-il, a la confiance de Yahya Jammey. Mohamed Ould Abdel Aziz a rencontré Adama Barrow à Dakar après avoir passé 4 heures auprès de Yayhya Jammeh dans le but de négocier les conditions de son départ.

Ce dernier aurait confié à son hôte qu’il acceptait de quitter le pouvoir en échange d’une amnistie. Il aurait demandé ensuite le report de l’investiture d’Adama Barrow afin de permettre à la Cour suprême de se prononcer sur sa requête en annulation de l’élection présidentielle. Il aurait in fine exigé une solution politique interne sans ingérence étrangère.

Muni de cette liste de desiderata, le président mauritanien a quitté Banjul pour Dakar dans la nuit du mercredi au jeudi 19 janvier, à la rencontre d’Adama Barrow et des responsables de la CEDEAO. Avant de quitter la capitale gambienne, il a fait une brève déclaration à la télévision locale : « Je suis maintenant moins pessimiste. Nous allons travailler pour une solution pacifique qui pourra satisfaire toutes les parties. »

A Dakar, Mohamed Ould Abdel Aziz a obtenu de la CEDEAO une prolongation du délai de départ de Yahya Jammeh. Il est reporté de 24 heures, soit ce vendredi 20 janvier à midi (Temps universel).

Aux dernières nouvelles, Yahya Jammeh n’est toujours pas disposé à céder le pouvoir à son successeur. A l’heure où nous publions cet article, une dernière tentative de médiation est entreprise par le président guinéen Alpha Condé. Celui-ci a exprimé depuis le début la crise son opposition à une solution armée. Alpha Condé a prévu de faire la navette entre Nouakchott, Banjul et Dakar, trois capitales où les derniers détails des conditions de départ de Yahya Jammeh seront peaufinés dans les prochaines heures.

Pas une minute de plus

Marcel de Souza, président de la Commission de la CEDEAO a pris la parole devant la presse à Dakar ce 19 janvier pour assurer qu’il est exclu « qu’il (Yahya Jammeh) reste en place.» Pas une minute de plus ne sera accordée à l’ancien despote de Banjul qui devra saisir la main tendue du président guinéen pour espérer un départ négocié. Passé ce délai, « les troupes vont passer à l’intervention militaire proprement dite », a-t-il martelé.

De toutes les façons, les troupes de la CEDEAO sont visibles en territoire gambien. « Nous sommes entrés en Gambie », a confirmé le colonel sénégalais Abdou Ndiaye qui a accepté de se confier au correspondant à Dakar de l’agence Reuters.

D’autres sources ont affirmé avoir constaté des mouvements de troupes sénégalaises tout le long de la frontière entre le Sénégal et la Gambie. Des observateurs anonymes ont signalé le comportement passif des forces gambiennes qui semblent ne pas se préparer à résister, désobéissant ainsi aux dernières recommandations leur chef d’Etat major, un proche de Yahya Jammeh.

7000 soldats mieux équipés et issus des armées les plus puissantes de la région, dont le Sénégal et le Nigeria, sont à la disposition de la CEDEAO pour cette opération. De quoi refroidir les ardeurs de la garde prétorienne et la poignée de mercenaires qui protègent le régime.

Frank Kodbaye

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