L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 10 mai que le variant du coronavirus, identifié pour la première fois en Inde l’année dernière, fait craindre aux experts une propagation plus rapide de l’épidémie et une plus grande résistance aux vaccins.
Le variant B.1.617 est le quatrième variant à être désigné comme étant de préoccupation mondiale et nécessitant une surveillance et une analyse accrues. La lignée prédominante du B.1.617 a été identifiée pour la première fois en Inde en décembre, bien qu’une version antérieure ait été repérée en octobre 2020. Les autres variants sont détectés pour la première fois en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud et au Brésil.
« Nous classons ce variant comme préoccupant au niveau mondial », a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le Covid-19, lors d’une réunion d’information. « Certaines informations disponibles suggèrent une transmissibilité accrue », a-t-elle ajouté.
Le variant B.1.617 semble avoir la capacité à surmonter les défenses que procure la vaccination et le taux de mortalité des patients atteints, a estimé Soumya Swaminathan, chercheuse à l’OMS.
Le variant comporte 13 mutations, dont deux sont similaires à celles observées séparément chez d’autres variants. L’une des mutations identifiées (L452R) rend le virus plus infectieux et mieux à même d’échapper aux anticorps, tandis qu’une autre est similaire à celle présente chez d’autres variants préoccupants. Cette dernière, dénommée E484Q, est connue pour sa capacité à contourner certaines réponses immunitaires de l’organisme.
Les infections et les décès dus au coronavirus en Inde se sont maintenus à un niveau élevé. Ce pays a enregistré le 8 mai dernier la mort de plus de 4 000 personnes due au Covid-19 en vingt-quatre heures et plus de 400 000 nouvelles contaminations, mais les experts estiment que les chiffres officiels sont largement sous-évalués.
Variant voyageur
Le variant s’est déjà propagé à d’autres pays et de nombreuses nations ont pris des mesures pour couper ou restreindre les mouvements en provenance d’Inde. L’OMS admet qu’il faudrait du temps aux chercheurs pour bien identifier les caractéristiques et la dangerosité de ce variant qui angoisse déjà le monde entier.
L’OMS ne recommande généralement pas la fermeture des frontières, estimant que les pays doivent procéder à une évaluation nuancée avant d’imposer des restrictions et éviter de perturber inutilement les voyages dans le monde. Mais de nombreux pays, agissant de leur propre chef, ont restreint les voyages vers les pays où des variants préoccupants ont été identifiés.
Plusieurs éminents scientifiques ne sont pas certains que le virus se propage plus facilement. « Je ne sais pas si nous avons une bonne réponse à cette question pour le moment », a déclaré Benjamin Pinsky, professeur associé de pathologie à la Faculté de médecine de l’Université de Stanford (Californie). « La pandémie actuelle en Inde est hors de contrôle et dévastatrice, mais je ne pense pas qu’il soit tout à fait clair dans quelle mesure cette variante et d’autres variantes contribuent à la transmission généralisée », a-t-il conclu.
Les scientifiques ne savent pas encore si la variante B.1.617 est plus mortelle que les autres variants.
Les vaccins existants fonctionneront ils contre ce variant ?
Les scientifiques continuent d’étudier la question. Une étude récente a mis en évidence un foyer d’infections à B.1.617 chez des professionnels de la santé indiens qui avaient été vaccinés avec le vaccin Oxford/AstraZeneca. Ce cas semble établir le fait que le variant B.1.617 est en mesure d’échapper à la réponse immunitaire induite par un vaccin efficace contre la souche originelle et même réinfecter des patients atteints par d’autres variants.
Les études de laboratoire menées par les auteurs de l’étude, qui n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs, suggèrent que les anticorps produits par le vaccin Pfizer/BioNTech étaient légèrement moins efficaces pour neutraliser le B.1.617.
Ravindra Gupta, professeur de microbiologie clinique à l’Université de Cambridge et l’un des principaux auteurs de l’étude, a déclaré lundi aux journalistes que même si la recherche confirme que le variant B.1.617 est en mesure de provoquer une infection chez les personnes déjà vaccinées, les vaccins devraient néanmoins être efficaces pour prévenir les formes graves de la maladie et les décès.
Une porte-parole de la compagnie Pfizer a déclaré que l’efficacité du vaccin contre le variant B.1.617 sera testée dans le cadre des efforts de surveillance continue de la société. Deux autres fabricants de vaccins, Johnson & Johnson et Moderna n’ont pas encore réagi à ce sujet.
Des chercheurs ont également signalé qu’un vaccin mis au point par le fabricant indien de médicaments Bharat Biotech, qui est en cours de déploiement en Inde, semble être efficace contre le B.1.617. L’heure est plutôt à l’optimisme sur le front de la lutte contre les mutants.
Carrefour-Soleil
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