Donald Trump a décidé jeudi de divulguer plus de 3000 dossiers secrets en lien avec l’assassinat du 35ème président américain, John F. Kennedy. Toutefois, il a remis à plus tard la publication de certains documents jugés délicats pour la sécurité nationale.
Dans un communiqué annonçant la nouvelle, le président américain avait affirmé ne pas être en mesure d’autoriser la déclassification de la totalité du “dossier JFK”. Pour cause, les services de renseignements tels que le FBI et la CIA ont fait pression, estimant que certains documents ne devraient être pas être dévoilés dans leur état brut, même si « les Américains attendent, et méritent, que leur gouvernement offre un accès aussi large que possible », a souligné la Maison-Blanche.
« Le président a autorisé de retenir temporairement certaines informations qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale, au maintien de l’ordre ou aux affaires étrangères », ont précisé les Archives nationales américaines qui ont mis en ligne 2891 fichiers que tout le monde peut consulter sur leur site.
Le président américain a donc décidé de laisser les services de renseignement examiner certaines pièces du dossier JFK avant de les livrer à la curiosité des médias et de ses concitoyens. La CIA et le FBI ont jusqu’au 26 avril 2018 pour boucler l’analyse des documents sensibles et censurer certaines parties susceptibles de porter atteinte aux intérêts américains.
« Au terme de ce délai, j’ordonnerai la publication de toutes les informations dont les services n’auront pas pu démontrer » qu’elles devaient être gardées dans le coffre fort de l’État, a assuré Donald Trump.
Cette démarche prudente du président américain vient contredire sa première déclaration sur le sujet. Dans un tweet, il affirmait être le président de la « complète transparence » qui « veut publier les informations aussi vite que possible.»
Ce report est aussi une entorse à l’esprit de la loi de 1992 signée par le 41ème président américain, George H Bush. Sous la pression de l’opinion qui exigeait la transparence, ce dernier avait ordonné la publication de tous les documents en lien avec l’assassinat de John F. Kennedy, sans censure et après un délai d’attente de 25 ans.
Mais une puissance ne saurait jouer le jeu de la transparence sans assurer ses arrières, ne serait-ce que pour protéger des milliers d’informateurs et des États « partenaires» qui ont contribué à la réussite ou à l’échec de diverses opérations tenues secrètes jusque-là.
Pas de rebondissement spectaculaire
De nombreux spécialistes du dossier ont d’ores et déjà affirmé que les documents publiés ne risquent pas de provoquer un rebondissement spectaculaire ou relancer des pistes relatives à l’implication supposée de l’ex-Union soviétique, de la mafia italienne et même du vice-président Lyndon B. Johnson.
Tout au plus, ces documents comportent-ils moult détails croustillants sur certaines activités du 35ème président américain avant son assassinat et des compte-rendus de réunions de services de renseignements sur les agissements de Fidel Castro, suspecté un temps d’avoir joué le principal rôle dans l’assassinat de John F. Kennedy.
Les passionnés de cette affaire pourront aussi trouver dans le lot des archives mises en ligne des fiches sur quelques appels anonymes, des manoeuvres de la CIA, diverses descriptions de la vie et du parcours de l’assassin et de l’entourage de John F. Kennedy.
Néanmoins, les adeptes de la théorie du complot, eux aussi, ont de quoi alimenter la polémique en exploitant certaines zones d’ombre. « Personne ne va abandonner sa conviction qu’un complot a été ourdi parce que la publication des dossiers ne le prouve pas », a commenté Larry Sabato, auteur de The Kennedy Half-Century et professeur de sciences politiques à l’université de Virginie.
Cette livraison de documents, même si elle donne du grain à moudre aux complotistes, conforte, pour l’instant, la thèse officielle établie par la Commission Warren. Elle a désigné Lee Harvey Oswald, ancien membre de la Marine et tireur d’élite, comme étant le concepteur et l’exécutant de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Frank Kodbaye
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