Covid-19: Une épidémie mondiale à circonscrire au plus vite

Couv_Covid-19_Diego Vito Cervo

Le mois de février s’achève avec une hausse de cas d’infection au coronavirus Covid-19 hors de Chine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) hésite à prononcer l’état de pandémie en dépit du fait que tous les continents sont à présent touchés. Elle a néanmoins hissé le risque au niveau le plus élevé de son échelle d’évaluation des épidémies, en guise de dernier rappel pour une mobilisation générale des États face à un agent pathogène à haut risque.

Le directeur général de l’OMS avait souligné une semaine plus tôt que le Covid-19 n’avait pas encore atteint un stade pandémique. « Nous devons nous concentrer sur l’endiguement, tout en faisant de notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie.»

Lors de son point de presse du 28 février à Genève, il a été plus précis dans ses propos en affirmant que « Nos épidémiologistes ont suivi ces développements en permanence et nous avons maintenant augmenté notre évaluation du risque de propagation et du risque d’impact du Covid-19 à un niveau très élevé au niveau mondial ».

« Ce nouveau coronavirus a un potentiel pandémique et l’OMS fournit les outils nécessaires pour se préparer en conséquence. Le principal objectif de tous les pays qui présentent des patients infectés doit être de contenir le virus», a martelé Tedros Adhanom Ghebreyesus. Un message que le patron de l’OMS répète inlassablement à chaque rencontre avec les médias.

 « Le nombre de pays touchés ces derniers jours est clairement préoccupant », a observé Tedros Adhanom Ghebreyesus.  La Nouvelle-Zélande, la Biélorussie, le Nigeria, le Mexique, l’Arménie, la République dominicaine et bien d’autres ont rejoint la longue liste de pays ayant enregistré au moins un cas. La barre de la soixantaine a été franchie.

Pour la première fois depuis l’apparition du virus, le nombre de nouveaux cas hors de Chine a dépassé le nombre de nouveaux cas identifiés à Wuhan (foyer originel) et dans d’autres localités de l’Empire du Milieu. Il y a plus de 84.000 personnes infectées dans plus d’une cinquantaine de pays et plus de 2800 décès.

Le coronavirus a déjà montré sa capacité à se transmettre rapidement. Photo:DR

Pandémie ou pas pandémie, il faut agir

La hausse du nombre de cas en dehors de la Chine a nourri le débat autour de la déclaration de l’état de pandémie. Au siège de l’OMS, les experts en charge de la lutte contre le Covid-19 et leur directeur général résistent à la pression et maintiennent leur position en faveur d’une urgence de santé publique de portée ‎internationale.‎

Interrogé par plusieurs journalistes présents au point de presse du 28 février, le directeur des programmes d’urgence de l’OMS, Michael Ryan, a exposé la position de l’agence onusienne. « Nous avons constaté qu’avec des mesures d’endiguement, le cours de l’épidémie peut être arrêté de manière significative », a-t-il expliqué, après avoir donné la définition d’une pandémie selon les critères de son organisation ; elle est une situation dans laquelle « tous les citoyens sont exposés.» Pour l’expert, les données disponibles actuellement ne permettent pas d’envisager ce cas de figure.

Une explication technocratique qui, bien évidemment, n’a pas convaincu grand monde. Les médias et la population mondiale sont exposés au flux d’informations et de commentaires alarmistes. Dans cette situation, les analyses rationnelles peinent à s’imposer, fussent-elles émises par un expert de l’OMS.

Aussi, l’expérience antérieure relative à l’épidémie de grippe H1N1 de 2009 n’incite pas l’OMS à aller vite en besogne. Cette année-là, l’agence onusienne avait déclarée l’état de pandémie afin de contraindre tous les pays membres à mettre en œuvre pleinement les dispositions du Règlement sanitaire international (RSI).

Cette décision avait entraîné un affolement des populations dans plusieurs pays touchés. La gestion de la panique générée par cette déclaration fut beaucoup plus ardue que la riposte à l’épidémie elle-même. L’utilisation précipitée du terme pandémie pourrait envoyer un signal négatif aux populations et aux dirigeants politiques. Elle risquerait de déclencher des phénomènes de stigmatisation et des décisions pouvant paralyser des systèmes de santé.

Pour éviter de s’enfermer dans une polémique inutile autour de la notion de pandémie, l’OMS oriente systématiquement sa communication sur ses lignes directrices. Elle met l’accent sur l’urgence à agir, y compris dans les pays encore épargnés pour qu’ils se préparent à faire face au Covid-19 et qu’ils se départissent de l’illusion d’être à l’abri de l’épidémie.

À ce stade de l’épidémie, la priorité de l’OMS consiste à s’assurer que les pays mettent en place les mesures efficaces pour protéger le personnel médical exposé en première ligne, les personnes les plus vulnérables dont les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques.

L’assistance aux pays les plus pauvres est également une préoccupation. L’insuffisance des équipements sanitaires – notamment des installations pour traiter des patients touchés par la forme sévère de la maladie – et du personnel qualifié pourrait être la cause d’une propagation beaucoup plus rapide de ce nouveau virus.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a approuvé cette position de son agence spécialisée en affirmant que ce n’est pas le moment de paniquer mais qu’il est temps pour tous les États « de prendre des mesures et de faire tout leur possible pour contenir la maladie, sans stigmatisation et en respectant les droits humains

Une bonne coordination de la riposte, même en l’absence d’un vaccin et de traitements efficaces, a toutes les chances de contenir rapidement cette nouvelle épidémie qui, au vu des derniers chiffres en provenance de Chine, ralentit.

Un autre chiffre suscite l’espoir : 36 500 malades se sont débarrassés du virus sur les 84 000 cas enregistrés en Chine et ailleurs. Cette information provient de l’université Johns Hopkins aux États-Unis, sur la base d’une compilation de données recueillies auprès des autorités sanitaires du monde entier.

Frank Kodbaye

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