« Le risque d’être infecté par le nouveau coronavirus (Covid-19) en touchant des objets, notamment des pièces de monnaie, des billets de banque ou des cartes de crédit, est très faible », précise l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa fiche qui recense les fausses nouvelles les plus répandues et des idées reçues autour de cette épidémie qui a émergé fin décembre 2019 dans la ville de Wuhan en Chine.
Cependant, pour briser les chaînes de contamination, la Chine avait pris mi-février diverses décisions dont certaines allaient à l’encontre de cette mise au point de l’OMS. « L’argent retiré des régions sévèrement touchées devrait être désinfecté par des rayons à ultraviolets ou des températures élevées et mis en quarantaine pendant 14 jours avant d’être réintroduit sur le marché », a déclaré Fan Yifei, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine. Les autorités sud-coréennes ont décidé de faire de même.
Cette mesure avait été abondamment commentée, avec scepticisme aussi bien qu’avec sarcasme, dans les médias étrangers. Mais l’OMS a finalement opéré un léger revirement le 2 mars en se rapprochant de la thèse chinoise. Elle a recommandé aux utilisateurs de se laver les mains après avoir manipulé les billets de banque.
« Nous conseillons aux gens de se laver les mains après avoir manipulé de l’argent liquide, surtout s’ils sont sur le point de manger ou de manipuler de la nourriture, et d’éviter de se toucher le visage », a confirmé un porte-parole de l’organisation onusienne.
Cette recommandation vient souligner la crédibilité de certaines études qui ont mis en évidence la possibilité de propagation d’agents pathogènes par la manipulation de pièces de monnaie ou des billets de banque.
Risque pour les professionnels
Il est vrai que le risque est plus élevé pour les professionnels (commerçants, caissiers, agents de banque…) qui manipulent la monnaie toute la journée que pour l’utilisateur lambda. Le danger est plus que probable en cas de manipulation dans un environnement chaud et humide. Pour cause, les billets de banque sont constitués en grande partie de fibres de coton. Cette matière étant hydrophile, elle a une incidence favorable pour la survie des virus et des bactéries présents sur les billets de banque en circulation.
Sans céder à la psychose, cette mesure de prudence est à prendre en considération dans la lutte contre la propagation des virus émergents, dans la mesure où plusieurs études antérieures ayant testé la survie des coronavirus SARS et MERS sur des surfaces inertes, ont conclu que ces agents pathogènes conservent leur pouvoir d’infection jusqu’à 9 jours, à température ambiante.
Ces observations confirment elles-mêmes les résultats d’une investigation scientifique très médiatisée en 2010. Intitulée « Dirty Money: An Investigation into the Hygiene Status of Some of the World’s Currencies as Obtained from Food Outlets », cette étude a examiné un échantillon de 1280 billets de banque ayant servi à payer de la nourriture dans des restaurants de dix pays différents : Australie, Burkina Faso, Chine, Irlande, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nigeria, Mexique, Royaume-Uni États-Unis. Une des conclusions de l’étude établit que les billets de banque de tous ces pays sont bel et bien des supports où prolifèrent divers germes nuisibles pour la santé humaine. La durée d’utilisation dans les échanges, la température ambiante et le taux d’humidité des billets auraient une incidence déterminante sur la longévité et la prolifération des virus.
De ce fait, les auteurs de l’étude ont suggéré de ne jamais permettre aux employés qui manipulent des billets de banques de toucher les repas servis, à moins d’avoir une hygiène des mains irréprochable. Une recommandation que les pouvoirs publics auraient intérêt à prendre au sérieux en temps d’épidémie.
Frank Kodbaye
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