
L’ONU tire la sonnette d’alarme : les violations des droits des enfants explosent dans les zones de guerre, avec une hausse dramatique de 44% des attaques contre les écoles.
Le dernier rapport annuel du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés dresse un constat alarmant pour 2024. Cinq territoires se distinguent tragiquement par l’ampleur des violations graves commises contre les mineurs : Israël et les territoires palestiniens occupés (notamment Gaza), la République démocratique du Congo, la Somalie, le Nigeria et Haïti.
Les chiffres révélés par l’organisation internationale glacent le sang. En tête de ce sinistre classement, Israël et les territoires palestiniens totalisent 8 554 violations graves, suivis par la RDC (4 043), la Somalie (2 568), le Nigeria (2 436) et Haïti (2 269). Ces « violations graves » désignent selon le droit international humanitaire six catégories d’actes prohibés : le meurtre et la mutilation d’enfants, leur recrutement et utilisation par les forces armées, les violences sexuelles, les enlèvements, les attaques contre les écoles et hôpitaux, et le refus d’accès humanitaire.
L’éducation, pilier fondamental du développement, subit des attaques d’une intensité inédite. Entre 2022 et 2023, environ 6 000 agressions ont visé élèves, enseignants et établissements scolaires. Cette hausse de 44% illustre une instrumentalisation croissante de l’école comme cible militaire. Plus grave encore, l’utilisation d’établissements scolaires à des fins militaires a bondi de 20%, transformant ces lieux d’apprentissage en objectifs légitimes pour l’ennemi.
Au-delà des statistiques, ce sont plus de 10 000 élèves qui ont payé de leur vie, de leur liberté ou de leur intégrité physique cette militarisation de l’éducation. Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, rappelle un principe fondamental : « Aucun enfant ne devrait risquer sa vie pour apprendre. »
L’escalade touche particulièrement les violences sexuelles, en hausse de 34%, avec une recrudescence « spectaculaire » des viols collectifs. Cette brutalisation s’accompagne d’un phénomène particulièrement préoccupant : l’augmentation de 17% des « violations multiples », où un même enfant subit simultanément enlèvement, recrutement forcé et violences sexuelles. Ces cas sont passés de 2 684 en 2023 à 3 137 en 2024, témoignant d’une « escalade alarmante de la brutalité ».

Quand la détention remplace l’école
Plus de 3 000 enfants se trouvent actuellement détenus pour leur association réelle ou supposée avec des groupes armés, un chiffre en augmentation constante. Ces mineurs, souvent victimes avant d’être accusés, illustrent la complexité des situations où la frontière entre bourreau et victime s’estompe. Le droit international humanitaire, notamment les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève et la Convention internationale des droits de l’enfant, stipule pourtant clairement que ces enfants doivent être considérés avant tout comme des victimes nécessitant protection et réintégration.
Malgré ce tableau sombre, le rapport souligne des avancées encourageantes. Près de 16 500 enfants anciennement associés à des groupes armés ont bénéficié de programmes de protection ou de réintégration en 2024, soit une progression par rapport à l’année précédente. Depuis 2005, plus de 200 000 enfants ont été libérés par les parties au conflit, preuve que l’action diplomatique et humanitaire peut porter ses fruits.
À l’occasion de la sixième Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, l’ONU réitère son appel urgent : les gouvernements doivent impérativement mettre en œuvre la Déclaration sur les écoles sûres, un engagement international visant à protéger l’éducation en temps de conflit armé, et investir massivement dans des systèmes éducatifs résilients.
Car derrière chaque statistique se cache un avenir brisé, une enfance volée, un espoir anéanti. La communauté internationale saura-t-elle enfin transformer l’indignation en action ?
Carrefour-Soleil