Histoire en cinq dates de la journée internationale des droits des femmes*

À chaque 8 mars, d’innombrables voix influentes associent, sans nuance ou délibérément, cette célébration à la Charte onusienne des droits humains de 1945. Parallèlement, des légendes tenaces prolifèrent et travestissent l’authenticité historique de ce combat fondamental, désormais revendiqué aux quatre coins d’une planète assoiffée de justice.

En réalité, la Journée internationale des femmes a jailli des flammes révolutionnaires embrasant les premières décennies du XXe siècle. Elle incarnait l’exigence brutale de dignité au travail, conjuguée aux revendications électorales portées par des suffragettes qui électrisaient l’arène politique américaine. Découvrez maintenant les huit moments charnières qui ont gravé indélébilement cette journée dans la mémoire collective mondiale, témoins d’une marche inéluctable vers l’égalité.

1910

L’origine de cette journée a véritablement pris forme en août 1910, à la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague (Danemark). Ce fut une initiative de Clara Zetkin, une militante allemande. Elle avait pour but la mobilisation des femmes prolétaires pour contrecarrer l’influence des groupes féministes jugés proches des intérêts bourgeois de l’époque. Cette conférence avait regroupé une centaine de femmes originaires de 17 pays différents. Cette rencontre constitue l’acte fondateur de la lutte pour l’égalité des droits entre hommes et femmes

1913

Pour la première fois la « Journée internationale des ouvrières » fut célébrée en Russie, dans le cadre du mouvement pacifiste qui émergeait à la veille de la Première Guerre mondiale. Les femmes russes ont manifesté le dernier dimanche de février 1913. Elles ont été imité par d’autres européennes le 8 mars pour protester contre la guerre et se montrer solidaires des autres femmes dans le monde subissant des injustices.

1917

Des manifestations d’ouvrières travaillant pour le secteur textile ont eu lieu à Petrograd (Saint-Pétersbourg) le 8 mars 1917 pour réclamer du pain et le retour de leurs maris partis faire la guerre. Elles réclamaient en définitive l’instauration de la République. Cette journée fut alors considérée par les meneurs de la Révolution comme le point de départ du mouvement révolutionnaire qui allait emporter le tsar Nicolas II.

La dirigeante de ce mouvement féminin, Alexandra Kollontaï, fut nommée ministre dans le gouvernement provisoire. Une première dans l’histoire moderne. Le droit de vote fut accordé aux femmes russes cette année-là. Pendant des décennies, les pays socialistes sera l’occasion pour les leaders politiques de mobiliser les femmes.

1977

L’Assemblée générale des Nations unies officialise la « Journée internationale de la femme ». Elle invite chaque pays à consacrer une journée aux droits des femmes en créant des conditions favorables à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Une résolution est publiée à cette occasion (32/142). Elle recommande une pleine participation, sur un pied d’égalité, au développement de la société.

Cette décision est prise dans le prolongement de la proclamation, par l’Assemblée, de l’Année internationale de la femme (1975) et de la Décennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985).

1995

Beijing devient l’épicentre d’une révolution silencieuse cette année-là, lorsque 189 nations s’y rassemblent, forgeant un pacte historique qui électrise la cause féminine mondiale. Cet engagement titanesque grave dans le marbre international l’accès inaliénable des femmes à l’éducation, leur voix dans les sphères décisionnelles et la fin scandaleuse des disparités salariales – promesse solennelle d’une humanité enfin réconciliée avec sa moitié trop longtemps étouffée.

Mais les femmes, guerrières indomptables de leur propre libération, n’ont jamais attendu la bénédiction bureaucratique des institutions mondiales pour exiger justice. Aujourd’hui, malgré des décennies de luttes acharnées, l’égalité demeure l’obsession brûlante d’une ONU consciente de l’immensité du chemin restant à conquérir.

Mouna Tala

 

*Article publié la première fois le 10 mars 2017