Au septième jour de l’irruption de l’armée sur la scène politique, Robert Mugabe, assigné à résidence, n’a plus la force de s’accrocher au pouvoir. Il vient d’envoyer sa lettre de démission au président du parlement, rendant inutile la procédure de destitution en cours.
« Moi, Robert Gabriel Mugabe (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », a-t-il écrit. Sa lettre a été lue par le président du parlement zimbabwéen, Jacob Mudenda. Les élus étaient réunis en séance extraordinaire pour engager la procédure de destitution du chef de l’État nonagénaire.
Selon une source interne, la direction de la Zimbabwe African National Union – Patrioc Front (ZANU-PF) accuse son ex-leader d’être la « source d’instabilité », de bafouer la primauté du droit et de conduire le pays vers une « dérive économique sans précédent ».
La pression sur le président assiégé s’est aggravée après la publication dimanche d’un ultimatum de son propre parti. Il lui avait donné 24 heures pour rendre le tablier présidentiel.
Pour lui signifier qu’il n’avait plus aucune légitimité à revendiquer le statut de chef de l’État, le parti majoritaire l’avait évincé de son poste de président et l’a remplacé par Emmerson Mnangagwa. L’ancien vice-président, limogé le 6 novembre dernier, sur recommandation de sa femme, Grâce Mugabe, est en passe de devenir le nouveau président zimbabwéen.
L’affront de trop
Robert Mugabe a perdu définitivement le soutien de son parti après son allocution télévisée du 19 novembre. Le héros de l’indépendance a délibérément ignoré l’appel à la démission de ses camarades.
Il a plutôt évoqué la tenue mi-décembre d’un congrès extraordinaire de la ZANU-PF. « Naturellement, je le présiderai », a-t-il ironisé.
Une attitude qui a choqué les influents vétérans de la guerre de l’indépendance, longtemps alliés inconditionnels du « père de l’indépendance ».
Les généraux de l’armée, qui supervisent à bonne distance ce jeu de pouvoir, n’ont pas rejeté cette décision. Ils ont pris acte du choix de la ZANU-PF, tout en garantissant à Robert Mugabe une sortie sans brutalité, ni humiliation. Une finesse qui tranche avec les coups d’État violents qui ont eu lieu dans d’autres pays africains.
Les militants de la ZANU-PF sont en liesse depuis l’annonce de la démission du recordman de longévité au pouvoir en Afrique (37 ans). Ils ont bel et bien tourné la page du régime Mugabe ce 21 novembre 2017.
Frank Kodbaye
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