Le pétrole ne constitue qu’une partie des ressources dont dispose ce groupe djihadiste. Mais il est la part stable et sûre de sa trésorerie.
Le pétrole est la première ressource que cette organisation exploite et commercialise à l’intérieur et à l’extérieur de son territoire.
Sous la supervision directe des hauts responsables proches du calife Al-Bagdadi, l’exploitation du pétrole se passe essentiellement dans le nord-est de la Syrie. Daesh produit au minimum 60 000 barils par jour. Une production modeste mais suffisante pour alimenter ses caisses : elle rapporte environ 3 millions de dollars par jour. Des réserves estimées à 10 milliards de barils sont sous son contrôle, entre l’Irak et la Syrie. Le Centre d’analyse du terrorisme (CAT) a estimé que le pétrole constitue 24% de ses revenus en 2015, contre 38% en 2014. Une baisse due aux bombardements américains, français et russes qui visent aussi les pompes et les installations de raffinage du brut. Selon plusieurs experts, l’Etat islamique est encore en capacité de produire 120.000 barils par jour.
Daesh écoule facilement le pétrole brut en vendant le baril moitié prix aux trafiquants étrangers. Le baril est mis sur ce marché noir à 25 dollars. Il grimpe à 35 dollars quand les frappes aériennes réduisent l’offre. Ce pétrole s’exporte vers la Turquie et la Jordanie. Douaniers et militaires de ces pays facilitent et protègent le trafic en touchant des pots-de-vin conséquents. Selon Financial Times qui a pu enquêter sur place, l’organisation djihadiste ne se contente pas d’exploiter cette ressource de façon artisanale, comme certains analystes le laissent croire. Daesh recrute à tour de bras des ingénieurs, des techniciens, des commerciaux et autres managers dans tout le Moyen-Orient et au-delà. Malgré les destructions quotidiennes de pompes, camions-citernes et oléoducs, cette armée de travailleurs qualifiés réparent, restructurent et réinventent constamment le business des hydrocarbures au profit de Daesh.
Raffineries mobiles
Daesh ne se contente pas que de la vente du pétrole brut. Le raffinage du pétrole tourne à plein régime et alimente en énergie les quelque 10 millions de personnes vivant à l’intérieur du territoire sous son contrôle. 60% du pétrole extrait des champs syriens et irakiens sont désormais raffinés dans ses propres raffineries. Il pousse encore plus loin son sens des affaires en vendant sans vergogne les produits pétroliers au régime de Damas et autres groupes rebelles qui pourtant lui font la guerre.
Même si la raffinerie d’Al-Qiyara près de Mossoul ne fonctionne plus depuis les bombardements américains il y a quelques mois, de petites unités mobiles de raffinages importées de Chine ont pris le relais. Leur petite taille permet de les camoufler et d’échapper aux raids aériens. Ayant une capacité de production de 1000 barils par jour, elles sont implantées partout, à une distance raisonnable des centres de consommation. Cette stratégie assure un approvisionnement suffisant en essence et autres produits pétroliers au califat.
Khader Neka