Soudan du sud

L'approche consensuelle du nouveau président centrafricain va-t-elle survivre aux rapports de forces flous de ses soutiens? Photo: Carrefour-Soleil/DR

Soudan du sud

Riek Machar de retour à la vice-présidence

Kiir_Machar_1Riek Machar redevient vice-président du Soudan du Sud après deux ans de guerre civile : Un conflit particulièrement sanglant ayant opposé ses partisans à ceux de l’actuel président Salva Kiir Mayardit. Ce dernier vient de rendre public un décret qui réinstalle son rival sur la deuxième marche de l’éxécutif sud-soudanais. Riek Machar a aussitôt réagi depuis Addis Abeba en Ethiopie : « C’est une bonne nouvelle, parce que c’est un pas en avant dans l’application de l’accord de paix. » Il prévoit de revenir bientôt dans la capitale de son pays Juba qu’il a quitté depuis plus de deux ans.

Une nouvelle accueillie avec beaucoup d’enthousiasme dans le camp des rebelles. Ils avaient fait savoir à maintes reprises que sans le retour de leur leader au poste de vice-président, l’accord de paix signé fin août 2015 resterait lettre morte. Dans le camp adverse, la décision de réintégrer Riek Machar et ses lieutenants dans le gouvernement est une contrainte. Salva Kiir Mayardit, poussé par ses partisans les plus radicaux, était déterminé à venir à bout de la rebellion par la force. Mais les rapports de force se sont équilibrés au fil du temps. Et le conflits a vite tourné au jeu de massacres de civils, sans succès militaire décisif.

Des menaces de sanctions de l’ONU, de Washington, Londres et Nairobi ont finalement incité le chef de l’Etat sud-soudanais à tendre la main à son rival et signer cet accord. Outre le retour au pouvoir de Riek Machar, l’accord prévoit la démilitarisation de la capitale et le partage de pouvoir local dans l’Etat pétrolier du Haut-Nil.

Manque de confiance

«Si je reçois le soutien nécessaire pour assurer ma sécurité, je pense que je serai capable de prendre mes fonctions dans quelques semaines», a déclaré monsieur Machar. Mais quelques spécialistes de ce pays sont sceptiques et soulignent le manque de confiance réciproque entre les deux leaders. Alex Vines de l’institution britannique Chatham House est persuadé que l’accord de paix ne resistera pas longtemps aux rivalités ethniques. « Les deux camps recherchent vraiment une solution à long terme », a-t-il observé.

Il est certain que les deux protagonistes ne contrôlent plus toutes leurs troupes. De petites factions aux revendications très locales se manifestent partout dans le pays et compliquent la donne. Ce conflit est devenu une « guerre multipolaire avec des affrontements localisés», a déclaré Casie Copeland, experte au groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Les discussions sur la formation d’un gouvernement d’union nationale sont également pour l’instant toujours dans l’impasse. Elles étaient censées aboutir avant la date butoir du 22 janvier.

Le Soudan du Sud était devenu indépendant en juillet 2011, après des décennies de conflit avec Khartoum. La guerre civile a éclaté en décembre 2013 à Juba, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé son ancien vice-président, de l’ethnie Nuer, de fomenter un coup d’État.

Plus de 2,3 millions de personnes ont été chassées de chez elles et des dizaines de milliers tuées par la guerre et les atrocités à grande échelle qui l’accompagnent – massacres ethniques, viols, torture, meurtres et recrutement d’enfants, déplacements forcés de populations – dont sont responsables les deux camps.

Le Soudan du Sud est aussi dans une situation humanitaire catastrophique. Selon l’ONU, plus de 2,8 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire d’urgence, soit près d’un quart de la population, et 40 000 ont passé un seuil critique.

La Rédaction