États-Unis: Michael Bloomberg jette l’éponge

Le projet présidentiel de l'ancien maire de New-York est mort-né. Photo: Carrefour-Soleil/DR

L’ancien maire de New York Michael Bloomberg a déclaré ce 7 mars qu’il ne serait pas candidat indépendant à la présidentielle américaine 2016.

Après moult sondages et quelques prospections stratégiques menées par une légion de fins limiers issus des meilleurs cabinets de conseils dans tous les domaines possibles, le milliardaire new-yorkais s’est rendu à l’évidence : sa candidature en tant qu’indépendant ne ferait que conforter celle de Donald Trump ou de Ted Cruz. « Il y a une forte chance pour que ma candidature conduise à l’élection de Donald Trump ou du sénateur Ted Cruz », écrit Michael Bloomberg sur le site Bloomberg View.

Michael Bloomberg, 74 ans, avait suscité l’espoir chez ses partisans new-yorkais en janvier dernier en déclarant publiquement son intention de se présenter en candidat indépendant et offrir une alternative aux Américains tentés par le vote populiste.

Le milliardaire (quatorzième fortune mondiale selon le magazine Forbes) caresse l’ambition d’accéder à la Maison blanche depuis des années. Mais il a un handicap de taille. Il est indépendant, après avoir été longtemps démocrate puis républicain (2001 – 2007). Il n’a pas de base électorale stable. Très apprécié à New York, ville où il a été maire de 2002 à 2010, ses idées politiques ont du mal à imprégner la société américaine. Les conservateurs le détestent pour son combat en faveur du contrôle des armes à feu et le mariage homosexuel. Les démocrates peinent à effacer de leur mémoire son étiquette GOP (Grand old party).

Même si l’élection présidentielle se gagne au centre avec des voix indépendantes, aucun candidat n’a réussi à s’imposer à la Maison blanche sans le soutien plein et entier de l’establishment d’un de deux grands partis.

L’obstacle du suffrage universel indirect

Michael Bloomberg pensait être le premier indépendant à tordre le cou à cette vieille tradition. Mais il y a l’énorme barrière du système de suffrage universel indirect à franchir. Pour qu’un candidat y parvienne, il faut que chacun des cinquante États lui accorde des grands électeurs en fonction des voix de ses habitants. Une majorité de 270 sur 538 grands électeurs est nécessaire pour être élu président.

Michael Bloomberg, s’il se présentait, ne ferait pas mieux que de mettre en « ballotage » tout le monde. Dans ce cas, c’est la Chambre des représentants qui aura la lourde charge d’élire le futur président. Étant donné que l’actuelle législature est dominée par les républicains et agitée par la branche « Tea Party », le milliardaire new-yorkais a vite compris qu’il n’aurait aucune chance devant un parlement hostile.

Pourfendeur invétéré de Donad Trump, il ne veut pas être celui qui faciliterait la conquête de la Maison blanche par son sulfureux concitoyen. « Il mène la campagne présidentielle la plus clivante et démagogique que je n’ai jamais vue, en jouant sur les préjugés et les craintes des gens », écrit-il dans cette même tribune au Bloomberg View. Il réserve le même avis à Ted Cruz, le sénateur du Texas qui talonne Trump dans la course aux primaires républicaines.

Il n’a pas d’avis tranché, pour l’instant, sur Bernie Sanders ou Hillary Clinton, les deux candidats aux primaires démocrates. Mais le sénateur du Vermont avait critiqué l’idée qu’un autre milliardaire cherche à se hisser à la présidence américaine. Il semble logique que son soutien n’irait pas à ce dernier, a priori.

Selon ses proches, Michael Bloomberg ne va pas chômer après le retrait de son projet présidentiel. Il continuera à investir son énergie et sa fortune pour renforcer son Super PAC (Comité d’action politique) surnommé « Independance USA ». Cette organisation est très active dans le combat pour le contrôle des armes à feu. Il est aussi un acteur respecté de la lutte contre le réchauffement climatique. Il porte la casquette d’envoyé spécial de l’ONU sur les villes et les climats depuis 2013.

Frank Kodbaye