Comment Transparency international mesure-t-elle la perception de la corruption ?
L’Organisation Transparency International (TI) a publié ce 27 janvier son classement annuel des pays du monde selon leur degré de corruption. Le rapport classe cette année cent soixante-quinze pays sur une échelle de zéro à cent. Il s’agit d’une étude de l’Indice de perception de la corruption (IPC) et non la mesure du niveau de corruption dans les pays concernés. Ce fléau est pour le moment impossible à évaluer avec une méthode fiable. Le rapport estime que 70% des nations étudiées ont un « problème sérieux » de corruption impliquant leurs fonctionnaires. Quelle est la méthodologie utilisée pour déterminer ce classement ?
La mesure de l’IPC se fonde sur plusieurs enquêtes différentes réalisées par un ensemble d’institutions supposées indépendantes dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la fondation allemande Bertelmann, le World Economic Forum et bien d’autres. Pour être retenues, les données recueillies lors de ces investigations doivent être correctement documentées afin que l’on puisse juger de leur fiabilité. Toutes les sources retenues doivent procéder à un classement des pays évalués. Cette condition exclut les enquêtes qui abordent la question de la corruption en lien avec d’autres sujets tels, par exemple, l’instabilité politique, la décentralisation et le nationalisme.
Les notes établies dans le cadre de l’IPC reflètent l’opinion d’experts installés à la fois dans des pays industriels et dans des pays en développement, ainsi que l’opinion des milieux d’affaires et d’analystes-pays. Aucun des pays du classement n’a obtenu un score parfait. Le pays ayant obtenu « zéro » étant celle perçue comme la plus corrompu.
Un travail d’experts
La méthodologie de l’IPC est examinée par un Comité consultatif constitué d’experts internationaux de renom dans les domaines de la corruption, de l’économétrie et des statistiques. Le classement est presque jamais le même deux ans de suite. Pourquoi ? Le rang d’un pays peut changer simplement en raison de l’entrée ou la sortie d’autres pays de l’indice. La note d’un pays est une indication plus importante de la perception de la corruption que le rang. Et le fait de comparer les notes des pays avec celles des IPC antérieurs n’est pas pertinent. La seule manière d’apprécier de manière fiable l’évolution de la note d’un pays au cours d’une période donnée est de revenir aux différentes sources d’informations utilisées.
Le classement 2015 est mené par Le Soudan, la Corée du Nord et la Somalie qui sont les pays perçus comme les plus corrompus au monde. Par contre, le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Finlande sont considérés comme les plus vertueux.
En général, les pays les mieux classés présentent certaines caractéristiques : liberté de la presse, ouverture des données sur les comptes publics, haut degré d’intégrité des responsables publics, équité de la justice indépendamment de la position sociale des citoyens et indépendance des institutions judiciaires.
Les pays moins bien classés ont en commun les problèmes suivants : conflits sociaux, guerre, mauvaise gouvernance, inefficacité des institutions (police, Justice), manque d’indépendance des médias.
« Tous les pays sont menacés de corruption, à tous les niveaux de gouvernement, aussi bien quand il s’agit de délivrer un permis local que lors de la mise en vigueur de lois et de régulations », a déclaré Huguette Labelle, présidente de Transparency International.
La Rédaction