Les longues heures de travail tuent 745 000 personnes par an

Photo: Jozef Polc

Les longues heures de travail sont susceptibles d’augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral ou de problème cardiaque, selon une étude conjointe de deux agences onusiennes.

Les personnes qui travaillent plus de 55 heures par semaine sont plus susceptibles de mourir d’un accident vasculaire cérébral ou d’un problème cardiaque, selon la première étude mondiale analysant le lien entre la perte de vie et la santé associée aux longues heures de travail.

Une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation internationale du travail (OIT) publiée lundi estime qu’en 2016, 398 00 personnes sont décédées d’un accident vasculaire cérébral et 347 000 d’une maladie cardiaque pour avoir travaillé de longues heures.

« Travailler 55 heures ou plus par semaine constitue un grave danger pour la santé. Il est temps que nous tous, gouvernements, employeurs et employés, nous réveillions et prenions conscience que les longues heures de travail peuvent entraîner une mort prématurée », a déclaré le Dr Maria Neira, directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS.

Travailler 55 heures ou plus par semaine est associé à un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) estimé à 35 % plus élevé et à un risque de décès par maladie cardiaque de 17 % plus élevé, par rapport à un travail de 35 à 40 heures par semaine, selon l’étude.

Entre 2000 et 2016, le nombre de décès par maladie cardiaque dus à de longues heures de travail a augmenté de 42 %, et par accident vasculaire cérébral de 19 %.

Les résultats de l’étude interviennent à un moment où la pandémie de Covid-19 braque les projecteurs sur la gestion des heures de travail, et l’OMS s’attend à ce que la tendance à la hausse se poursuive en raison de la crise du coronavirus, qui a modifié la façon dont de nombreuses personnes travaillent.

Illustration: Carrefour-Soleil

Le travail à distance n’est pas la panacée

L’étude porte sur la période 2000-2016 mais a anticipé la montée en puissance du travail à distance due à la crise sanitaire en lien avec le Covid-19. « La pandémie accélère les évolutions qui pourraient alimenter la tendance à l’augmentation du temps de travail », a déclaré l’OMS, estimant qu’au moins 9 % des personnes travaillent de longues heures.

L’étude montre que la plupart des victimes (72 %) sont des hommes d’âge moyen ou plus âgés. Les décès concernaient précisément des personnes âgées de 60 à 79 ans qui avaient travaillé 55 heures ou plus par semaine entre 45 et 74 ans.

Elle a également montré que les personnes vivant en Asie du Sud-Est et dans la région du Pacifique occidental – une région définie par l’OMS qui comprend la Chine, le Japon et l’Australie – étaient les plus touchées. Plus de 46 % des décès dus à une cardiopathie ischémique et 40 % des décès dus à un accident vasculaire cérébral provenaient d’Asie du Sud-Est. Alors que 18% des décès par cardiopathie ischémique (une altération cardiaque due à une oxygénation insuffisante des cellules) et 36% des décès par AVC provenaient de la région du Pacifique occidental.

 

Revoir les normes sur le temps de travail

Selon l’étude, plusieurs mesures pourraient contribuer à alléger la charge pesant sur les travailleurs, notamment l’adoption et l’application par les gouvernements de normes sur le temps de travail.

Le responsable technique de l’OMS, Frank Pega, recommande le plafonnement des heures de travail qui serait bénéfique aussi pour les employeurs. Selon lui, il a été démontré que cela augmente la productivité des travailleurs.

Les auteurs affirment que les employeurs devraient faire preuve de plus de souplesse dans l’établissement des horaires. Dans un autre ordre d’idées, l’étude suggère que les travailleurs s’arrangent pour partager les heures de travail afin que personne ne dépasse le seuil horaire qui nuit à la santé.

Pour rédiger le rapport, les chercheurs ont examiné et analysé des dizaines d’études sur les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Ils ont ensuite estimé les risques pour la santé des travailleurs à partir de données tirées de plusieurs sources, dont plus de 2 300 enquêtes sur les heures de travail qui ont été menées dans 154 pays entre les années 1970 et 2018.

Carrefour-Soleil

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