Donald Trump visé par une enquête pour fraude fiscale

Donal Trump, l'héritier qui s'est fabriqué une réputation de self made man. Photo: Mykhaylo Palinchak

Une nouvelle affaire éclabousse le locataire de la Maison-Blanche. Donald Trump aurait participé à des stratagèmes fiscaux douteux pendant des décennies. Il s’agirait d’une série de déductions fiscales inappropriées dont le cerveau serait son père.

David Barstow, Susanne Craig et Russ Buettner, trois journalistes d’investigation du quotidien new-yorkais The New York Times ont passé dix-huit mois à éplucher des milliers de documents et plus de deux cents déclarations de revenus confidentielles. Leur enquête révèle que, depuis son plus jeune âge et jusqu’à aujourd’hui, le milliardaire a bénéficié de manière frauduleuse, comme ses quatre frères et sœurs, de revenus provenant de l’empire immobilier de son père Fred.

Selon les journalistes, le président, ses frères et ses sœurs auraient établi une société-écrandans le but de dissimuler les dons de leurs parents. Ils auraient ainsi aidé leur père à profiter indûment de millions de dollars de déductions fiscales, et à sous-évaluer ses avoirs immobiliers.

Les enfants Trump auraient encaissé au totalune somme supérieure à un milliard de dollars de leur père.Une bonne partie de cet argent aurait été perçu grâce à de l’évasion fiscale. Au taux d’imposition de 55% sur les héritages et les dons en vigueur à l’époque, ils auraient dû payer 550 millions de dollars, mais n’ont versé que 52,2 millions, selon les auteur de l’enquête.

Citant des déclarations d’impôts et des documents financiers confidentiels, le quotidien affirme que Donald Trump a profité des revenus de son père Fred depuis sa plus tendre enfance. Il recevait 200,000 dollars par an, à partir de son troisième anniversaire. Il était déjà millionnaire à 8 ans. À 17 ans, il avait des parts conséquentes dans les propriétés immobilières détenus par son géniteur. Peu après avoir terminé ses études, il recevait l’équivalent d’un million de dollars par an. L’argent a augmenté avec les années, à plus de 5 millions de dollars annuellement à son quarantième anniversaire. Le 45ème président américain aurait ainsi engrangé plus de 413 millions de dollars.

L’empire immobilier de Donald Trump doit faire face à une enquête des services fiscaux de l’État de New York.
Photo: 123RF/Bumbledee

 

Démenti de la famille

Avant de publier son enquête, le trio de journalistes a pris soin de porter à la connaissance de Trump et sa famille les résultats de leur investigation et solliciter un entretien. Mais le milliardaire a ignoré la demande. Il a par contre autorisé un de ses avocats, Charles J. Harder, à commenter les révélations du quotidien new-yorkais.

Il a qualifié de « 100% fausses et hautement diffamatoires » les allégations de fraude et d’évasion fiscale avancées par le New York Times. « Il n’y a pas eu de fraude ou d’évasion fiscale par qui que ce soit », a-t-il dit. Charles J. Harder a ensuite précisé que lui-même  « n’avait quasiment pas été impliqué dans ces histoires », qui avaient été gérées par d’autres membres de la famille, aidés par des professionnels.

Le frère du président, Robert Trump, a fait une déclaration au nom de toute la famille. « Notre cher père, Fred C. Trump, est décédé en juin 1999. Notre mère bien-aimée, Mary Anne Trump, est décédée en août 2000. Toutes les libéralitéset les déclarations de succession ont été enregistrées et les taxes requises payées en 2001, en ce qui concerne notre père, et en 2004 pour notre mère (…). Notre famille n’a pas d’autre commentaire à faire sur ces choses qui se sont produites il y a environ 20 ans. Nous apprécierons que la mémoire de nos parents décédés soit respectée. Que Dieu accorde la paix à leur âme », a-t-il conclu.

Les services fiscaux s’en mêlent

Dès la publication de l’article, le service des impôts de l’Etat de New York a ouvert une enquête. Cette réaction rapide des autorités fiscales valide le sérieux du travail effectué par David Barstow, Susanne Craig et Russ Buettner . L’ administration new-yorkaise réexaminera tout le dossier fiscal de la famille Trump et explorera « avec détermination toutes les pistes d’enquête », a déclaré l’un de ses porte-parole.

Un jour plus tard, face aux remous provoqués par l’article, Donald Trump est sorti de son silence et a publié un tweet qui minimise sa gravité : « Un papier à charge, très vieux, ennuyeux et déjà vu me concernant », a-t-il écrit.

De toute évidence, ces révélations gênent le président américain qui a réussi jusque-là à entretenir le flou autour de sa fortune. Il a toujours refusé de rendre publiques ses déclarations de revenus. La société-holding qui réunit ses intérêts financiers, la Trump Organization, elle non plus ne publie pas non plus ses résultats. Depuis l’investiture de Donald Trump, elle est dirigée par ses deux fils, Eric et Donald Trump Junior.

L’article du New York Times bat en brèche le mythe du milliardaire self made man que Donald Trump a savamment construit depuis ses débuts dans les affaires, à la fin des années 70. Une réputation amplifiée et mise à contribution pendant toute sa campagne électorale. Osera-t-il encore rebattre les oreilles de ses supporters en scandant « I built what I built myself » ? Pour les élections de mi-mandat qui approchent, il devrait élaborer d’urgence un autre storytelling pour séduire les foules.

Carrefour-Soleil

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